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 STEV ♠ Ne pas avoir peur du grand méchant loup

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MessageSujet: STEV ♠ Ne pas avoir peur du grand méchant loup   STEV ♠ Ne pas avoir peur du grand méchant loup EmptyMar 16 Avr - 2:46


Ne pas avoir peur du grand méchant loup

Ft Stevan Zelić
Depuis bien 20 minutes que j'étais là à ce gala de charité en l'honneur des plus défavorisés, je n'avais vu aucune personne susceptible de m'extirper de mon ennui. Il fallait dire qu'à part des vieux cons de 50 piges accompagnés de leur femme un peu trop botoxée, il n'y avait presque aucun jeune de mon âge. Putain je savais même pas pourquoi j'étais venu, ah si, sans doute parce qu'être le dirigeant d'une des filiales de son père amène certaines obligations comme le fait de sourire dans un costume fait sur mesure. Moi qui avais toujours détesté jouer la comédie, privilégier le paraître à l'être, j'avais su me confectionner un masque tout comme ces idiots que je côtoyais. J'étais qu'un con de jouer le jeu de mon père, d'être devenu un peu trop le fils idéal à ses yeux. Pourtant même atteint de cette superficialité propre aux bourges de mon genre, je n'avais toujours pas gagner son amour et c'était limite s'il me respectait. Je me noyais sous les coupes de champagne, pensant que les bulles pourraient me sortir de l'humeur maussade qui m'accompagnait ce soir. Mais puisqu'il le fallait, je sortais un de mes plus beaux sourires forcés tandis que j'insultais mes interlocuteurs. «  Effectivement, la conjoncture économique actuelle des choses tend à nous prouver que tout les banquiers sont des escrocs » dis-je d'un air sarcastique ce qui fit rire le couple d'investisseurs que j'avais devant moi. C'était ironique quand on savait que les plus grands escrocs étaient ceux qui avaient du pognons et qu'ils vous entubaient pour en avoir toujours plus. Personne n'était dupe, tous savaient à quels point je les détestais tous, mais la bienséance voulait qu'on soit poli et qu'on ne fasse pas d'esclandre. De plus, même si ma vie privée était quelque peu critiquée, mon sens aiguisé des affaires rattrapé toujours ma personnalité.

Tous applaudissaient la générosité des donateurs qui se donnaient bonne conscience une fois par an. C'était écœurant de les voir se pavaner et très vite j'en eus assez. Sortant de la salle de réception de l'Allegra, le plus réputé des hôtels de Zagreb, je partis en quête d'un endroit plus calme pour griller une cigarette. Sans trop savoir pourquoi, je sentais une colère froide monter en moi. C'était pas moi putain, j'étais pas comme ces connards. Je me voilais sans doute la face, mais merde je valais mieux qu'eux. Tout en tirant sur ma clope, j'essayais de me convaincre que je ne m'étais pas perdu. La pression sur mes épaules, le dégoût de moi-même s'acharnèrent sur moi et je n'avais même pas d'ecsta pour échapper à cette réalité. Je tremblais, mon poing se serra et percuta le mur de l'hôtel. La douleur dans ma main me prouva que j'étais encore en vie, maître de moi et de mes émotions ou du moins conscient de ceci. Ca m'avait fait un bien fou même si j'allais garder quelques égratignures pendant quelques jours. Pour fêter cette sorte de décompression, de soulagement, je sortis de mon paquet une autre clope. Ma main me faisait souffrir et je ne pouvais fumer que de la main gauche mais je souriais comme un con parce que j'aimais tant me construire que me détruire. Ou alors c'était dû au fait que je n'étais pas encore assez superficiel pour me préoccuper de ce qu'allaient penser ceux qui remarqueraient ma blessure. Je divaguais dans les méandres de ma conscience sans vraiment trop réfléchir, savourant le reste quand je le vis sortir de l'hôtel. C'était un mec de mon âge ou à peine plus jeune que j'avais croisé à divers occasions. Ce genre de mec chelou qui ne reste que 5 minutes dans les environs avant de se casser avec un air terrifié. Un de ceux qui se contente de faire acte de présence, un peu comme moi mais différemment. En gros c'était un paumé de la vie, comme nous tous et de ce fait il paraissait plus sympa pour endure ce que j'endurais. Je pouvais toujours me tromper, c'était peut-être juste un fils de bonne famille, un petit robot qu'on avait fait et dont les réactions étaient pré-fabriquées. Il me lança un rapide coup d’œil, moi le jeune homme avec la clope au bec et de nouveau je sentais sa terreur et sa haine me fixer. Cigarette écrasée, je vins à sa rencontre histoire de m'occuper et de savoir ce qu'il avait. Il avait peut-être tout simplement entendu parler de moi et avait peur que je m'en prenne à sa petite gueule. « Alors on a peur de rentrer tout seul le soir ? » constatais-je. J'avais l'impression de me parler à moi-même et c'était ça le plus déroutant : accepter cette solitude que l'on recherche dans d'autres circonstances alors que lui avait juste peur. J'avais besoin de le rabaisser, de me rabaisser dans le but de me libérer de l'image que je me renvoyais. C'était complètement débile, mes idées n'étaient pas très net du fait de l'alcool que j'avais ingurgité. C'est devant lui que je constatai que j'étais un poil éméché, ce qui annonçait une chose : soit j'allais être très irritable, soit cette putain de sensibilité qui me collait à la peau allait refaire surface. Vu mon état, je ne me faisais pas de soucis, j'allais être irritable.
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MessageSujet: Re: STEV ♠ Ne pas avoir peur du grand méchant loup   STEV ♠ Ne pas avoir peur du grand méchant loup EmptyMar 16 Avr - 14:45




Je ne savais même pas ce que je foutais là, dans cet espèce de gala de charité surfait au possible, où la grande majorité des bouffons de Zagreb se retrouvaient une fois par an, de par les anciennes relations de mon père j’avais eu l’honneur de recevoir une invitation, la bienséance toujours, le décès de mes parents m’avait octroyé l’honneur d’être invité à vie dans ces petites soirées sans intérêt, une sorte de lot de consommation en somme …
Seulement voilà je n’étais en aucun cas obligé de venir, pourtant j’étais sorti, je m’étais rendu à ce gala, je ne savais même pas pourquoi moi-même. Pour me prouver que je pouvais encore exister peut être ? Que ma vie ne se résumait pas aux quatre murs de ma chambre d’hôtel pourrie et à mes plans culs. Je souriais doucement un verre de champagne à la main, au beau milieu de la salle de réception, seul.
Car oui je me présentais à ces soirées, mais personne ne venait me parler, il faut dire qu’un fils d’une famille morte assassinée ça fait parler beaucoup de gens, et fréquenter cet enfant peu vous exposer aux critiques, alors après les vagues condoléances soufflées avec une tape sur l’épaule on vous ignore, sûrement pour se donner bonne conscience.
Ah, la bonne conscience, tous ces riches me dégoutaient, ils n’avaient que leur porte monnaie pour eux, ils n’étaient bon qu’à donner du fric, et encore, certains venaient juste pour les petits fours, toute leur vie était jalonnée de ces petites actions pour se donner bonne conscience, pour pouvoir s’endormir sereinement la nuit, je m’étais toujours juré de ne pas devenir comme eux, de rester moi-même quelque soit la grosseur de mon compte en banque. Je ne voulais pas sombrer dans les travers de cette richesse, alors à la place de la bonne conscience j’avais choisi de consommer, consommer cette petite poudre blanche qui me faisait tant de bien, j’avais choisi une déviance plutôt qu’une autre en fin de compte.
Je refusais un autre verre que me présentais un serveur sur un énorme plateau, il fallait que je sorte, j’avais l’impression de crever sur place ici.
Mes pas furent rapides et j’arrivais bientôt sur le balcon ouvert pour les fumeurs, ici encore tout le monde m’ignorait, ce qui n’était pas plus mal. Je sortais une clope et l’allumait, après quelques taffes je m’adossais au balcon, l’air frais de la nuit venant me caresser les joues, comme pour m’apaiser, je sentais ma respiration se calmer, ce qui me fit sourire, c’est alors que je pu l’apercevoir.
A vrai dire, ce mec je ne le connaissais même pas, mais dès la première fois que je l’avais vu j’avais remarqué sa ressemblance avec … Je n’avais jamais pu oublier son visage, celui qui hante mes nuits depuis que je suis enfant, le tueur qui m’a violé quand j’étais encore innocent.
Ce mec devait me prendre pour un taré, à chaque fois que je le voyais je quittais rapidement la soirée, car oui il était également présent à toutes les soirées emmerdantes auxquelles je pouvais participer, était-il un gosse de riche ? Un abruti qui se sentait supérieur à tout le monde ? Ce n’était pas l’impression qu’il m’avait laissé la première fois, hormis son costume taillé sur mesure, sa cravate plus que droite et ses chaussures bien brillantes il ne ressemblait pas à beaucoup de monde ici, et cette fois ci je ne parlais pas du physique.
Non il était différent, il dégageait quelque chose d’autre, comme moi il semblait se faire chier, à contre courant de cette ambiance puant l’hypocrisie.
Certes il ressemblait à cet homme que j’avais commencé à haïr il y a bien longtemps, mais je ne pouvais pas lui en vouloir, surtout que la ressemblance n’était pas directe, il s’agissait plus d’une morphologie un peu particulière rien de plus, pourtant cela suffisait à me faire paniquer.
Cette panique je ne pouvais pas la contrôler, et à chaque fois je fuyais, je fuyais ce que je n’avais jamais voulu voir en face depuis mon enfance, seulement le mec m’avait remarqué plusieurs fois avant que je ne parte en courant, il faut dire que vu les sueurs froides qui montaient tout à coup mon visage devait me trahir. Le masque d’indifférence que je m’étais construit au fil des ans était presque parfait, je parvenais à donner l’illusion de me foutre de tout, ou tout du moins d’être un mec très désagréable pour qu’on me laisse tranquille, il n’avait pas beaucoup de failles, mais mon viol en était une, et je ne pouvais pas rester de marbre quand tout me revenait comme ça en pleine gueule, alors non je ne comptais pas sur ma discrétion.
Je m’apprêtais à partir en éteignant ma clope sur le balcon, hors de question de rester ici une minute de plus, quand CE mec vint à ma rencontre, mes angoisses furent plus vives tout à coup et par miracle mon verre ne se brisa pas sous la pression croissante de mon poing :

- « Alors on a peur de rentrer tout seul le soir ? »

Peur de … quoi ? Au départ je ne comprenais pas sa réplique, et j’avalais difficilement ma salive et me rendant compte qu’il n’avait jamais été aussi proche de moi.
Il me fallut quelques secondes pour le comprendre, il était totalement extérieur à mon histoire et voir un mec détaler comme ca à cause d’un regard cela pouvait étonner. Je soupirais, il devait me prendre pour un taré qui avait peur de son ombre.
Je décidais de reprendre contenance pour qu’il se rende compte que je n’avais pas peur de lui, ce qui n’était pas complètement faux, c’était les souvenirs qu’il ravivait qui m’angoissaient :

- « Peur de rentrer seul ? Hum non pas vraiment, pourquoi ? »

Son air provocateur m’énervait, comme s’il essayait de me piéger ou de se foutre de moi, il faut dire que s’il s’était rendu compte que je le fuyais il pouvait penser pouvoir me ridiculiser avec quelques phrases bien placées, me serais-je alors trompé ? Serait-il aussi chiant que toutes ces personnes qui nous entouraient ?
Non c’était impossible, une personne soucieuse des apparences ne m’aurait pas approché, même pour me ridiculiser, parce que cela n’en valait pas la peine, dans leur monde on mettait à terre quelqu’un de populaire, qui pouvait perdre gros, moi je n’étais pas populaire et j’avais déjà trop perdu. Je décidais de ne pas rentrer dans son jeu et de reprendre mon petit jeu du mec désintéressé, après tout c’était la règle ici :

- « Et puis tu pourrais te présenter, moi c’est Stevan, et ne t’inquiète pas, je rentre chez moi tout seul comme un grand quand il fait noir. »

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