8 février 1986.On entend un cri d'enfant, dans la chambre 203. Un nouvel être vient d'apparaître sur cette terre. L'infirmière, tenant l'enfant, annonce avec fierté à la mère de ce dernier qu'elle a accouché d'une fille. Elle lui dépose le bébé dans les bras.
« Hailey Natalia Adams...» Prononce alors la mère. Puis, quelque chose captive son regard. Ses yeux. Ses yeux perçants, bleus, affreux. Les mêmes que ceux du meilleur ami de son époux. Quoi ? Cet enfant n'est donc pas celui de Jordan ? Mais comment cela peut être possible ? Sarah Adams est-elle donc tombée enceinte après avoir couché avec Jack, lors de cette stupide fête à laquelle elle est venue qu'uniquement à cause de la demande de ce dernier ? Putain, elle n'en revient pas. Comment a-t-elle pu penser que Jordan pouvait être le père de cet enfant ? Elle sait parfaitement que ces deux n'arrivaient pas à avoir un enfant après toutes leurs tentatives ! Oh merde, que va-t-elle faire ? Ça crève les yeux que cette fille n'est pas celle de Jordan. Après, elle pourra inventer un mensonge, non ? Non. Elle ne pourra vivre ne mentant à celui qu'elle aime.
Et après, les enfants ont des yeux bleus à leur naissance, non ? Si, alors pourquoi est-elle si certaine de son affirmation au fait que Jack soit le père de Hailey ? Peut-être est-ce à cause de ces petites mains qui ressemblent tant à celles de son père... Et ce petit nez... Puis ces cils si longs... Les mêmes que Jack... Oh mon Dieu ! Mais que va-t-elle faire ? La peur envahie soudainement Sarah. Elle a horreur de mentir, mais de l'autre côté... Elle ne va tout de même pas dire qu'elle a couché avec le meilleur ami de Jordan ! Même si elle était saoule, elle n'avait pas à le faire, elle le sait...
Elle pousse un soupir et demande à l'infirmière de mettre le bébé dans le berceau. Puis après, elle ferme les yeux et essaye d'oublier toutes les pensées qui sont venues la hanter...
8 février 1996 « Joyeux anniversaire, Hailey ! » chantent les institutrices de l'orphelinat ainsi que les autres enfants.
Hailey affiche son sourire le plus niais. Elle déteste cette date. Le huit février, le jour lorsque sa pseudo mère l'a laissé, là, toute seule, avec tous ces gens inconnus, dans ce si grand bâtiment ! Par après, elle était transportée dans ce satané orphelinat où elle a passé les dix années de son existence. Mais comment ses parents ont-ils osé laisser une si petite fille, complètement innocente, dans un endroit peuplé de monde malade dont elle ne saura jamais le prénom, car ils n'en ont rien à en faire de sa vie ? Toutes les années, l'orphelinat organise une fête pour l'anniversaire de Hailey, une fête remplie de joie et de bonheur, dit-on, alors qu'en fait, tout le monde le sait : cette fête n'existe que pour respecter les traditions du bâtiment.
Par contre, on ne peut dire que Hailey n'aime pas vivre en ce lieu. Au contraire, elle adore. Tout le monde la respecte, tout le monde est sympathique avec elle et cela fait son affaire. Elle a beaucoup d'amis, ou plutôt, elle connait tout le monde et s'entend bien avec tout le monde, sauf les moniteurs et monitrices, car notre petite Hailey a tendance à s'énerver très rapidement contre eux : ils refusent de lui donner ce qu'elle désire et cela, elle ne supporte pas.
Bon et puis après, Hailey, c'est la grande mystérieuse insensible ! Elle a beau sourire, tout le monde sait qu'elle est neutre. Elle ne pleure jamais, d'ailleurs. La dernière fois qu'elle a pleuré remonte à l'anniversaire de ses cinq ans, lorsqu'elle a demandé à la patronne de l'orphelinat pourquoi elle était ici depuis sa naissance alors que les autres non. C'est aussi en ce jour qu'elle a appris pour ses parents.
Ce qui est bizarre, chez cette fille, c'est que lorsqu'elle était plus jeune, avant qu'elle atteigne ses sept ans, elle était très sentimentale, gentille. Et maintenant, elle est devenue tout le contraire. Non qu'elle n'est plus gentille, mais elle a tendance à ne pas démontrer sa gentillesse de la même façon que les autres. Lorsqu'elle crit sur quelqu'un, dit-on, cela signifie qu'elle apprécie la personne, en revanche, lorsqu'elle sourit en parlant à quelqu'un et qu'elle est plutôt "gentille" cela veut dire qu'elle méprise la personne et est gentille avec elle dans l'unique but de se servir d'elle.
8 février 2000.Une famille composée d'une femme qui semble avoir vingt ans de moins l'âge qu'elle a et d'un homme bien battit vient d'entrer dans le bureau de la patronne. Hailey les a vu. Elle est certaine de les avoir déjà vu quelque part. Est-ce la famille qui est venue la semaine passée ? Sûrement. Non, Hailey en est certaine.
Il y a une semaine, lorsque cette famille est apparue pour la première fois, Hailey passait à côté du bureau et a entendu la femme dire quelque chose qui sonne comme « On recherche notre fille, que l'on a donné à l'adoption il y a quatorze ans. On a fait le tour des orphelinats de Sydney, vous êtes le dernier. Êtes-vous certaine de ne pas avoir une fille qui a ces caractéristiques ? » Pendant un moment, Hailey a cru que la femme était folle, non mais parce qu'à son avis, un enfant ne change pas en quatorze ans ? N'importe quoi. Puis après avoir réfléchi pendant un moment, Hailey était persuadée que cette femme n'est nulle autre que sa propre mère. Non à cause de ce qu'elle a dit, enfin, oui, en partie à cause de ce qu'elle avait dit, mais plutôt pour sa façon idiote de réfléchir. Oui, parce que pour Hailey, sa mère était une conne. En revanche, on ne pouvait dire que Hailey la détestait.
Donc, en voyant le jeune couple arriver, elle se dirige rapidement vers le bureau de la patronne et y rentre sous prétexte qu'il s'est produit quelque chose dans la salle de fête. La patronne s'excuse auprès de la famille et sort voir ce qu'il se passe.
Hailey s'assied sur le fauteuil à côté de celui de la femme.
«
Bonjour, prononce Hailey d'un ton plutôt froid.
- Bonjour, petite ! prononce la femme en tendant sa main.
Quel est ton prénom ? - Bonjour, Madame ! répond Hailey du même ton.
Je me prénomme Hailey et vous, qui êtes-vous ? »
La femme sursaute et prend fermement la main de son mari. Puis, elle jette un regard vers Hailey et reconnaît ces yeux bleus qu'à Jordan, le meilleur ami de son mari.
«
Je... Jack...C'est...C'est Hailey. Notre Hailey. »
15 mars 2001«
Mais je ne l'ai pas tué, comprenez ça ! Je ne comprends même pas ce que je fais ici ! Je ne l'ai pas tué, bordel ! Mais écoutez moi ! Je vous dis que je ne l'ai pas tué ! J'ai tout simplement enfoncé un couteau dans sa poitrine ! Pourquoi me dévisagez-vous ainsi ? Il y a quoi de mal au fait d'enfoncer une arme coupante dans une autre personne quand elle n'est pas sympathique avec vous ? C'était ma façon de me défendre ! Mais écoutez moi ! »
Jacques Pierre Kent détourne sa tête et regarde dehors la pluie tombante. Quand est-ce que cette fille va-t-elle se rendre compte qu'elle a commit un crime ? Il ne comprend pas à quel point elle est ignorante. Et puis, elle ne doit pas se trouver dans un hôpital psychiatrique mais à l'asile, totalement !
«
Ce n'est pas ce que je veux entendre, Hailey, expliquez-moi ce qu'il s'est réellement produit, s'il vous plait. » répond l'homme d'un ton calme et rassurant.
Hailey se redresse et croise ses jambes d'une façon plutôt suggestive. Elle pose ses yeux bleus perçants sur Jacques et se mord la lèvre tout en recommençant le récit qu'elle lui a dit une dizaine de fois.
«
D'accord, monsieur Kent. (Elle pousse un soupir.)
À mes quatorze ans, mes parents m'ont retrouvé et m'ont amené chez eux. J'étais super heureuse, disaient-ils, mais pourtant, moi, je ne ressentais rien ! J'étais... Neutre, comme je l'ai toujours été. Je n'ai jamais compris pourquoi le monde dit des choses sur moi qui sont fausse. Bref, je m'éloigne du sujet. Donc, je suis rentrée chez eux, ou devais-je dire chez moi ? Peut importe. Je suis rentrée et j'y suis restée quelques mois. Par après, j'ai affirmé à mes parents que je voulais lâcher le lycée, car mon professeur de littérature refusait mes avances. Non mais c'est vrai quoi ! Il me refusait, moi, Hailey Natalia Adams ! C'est complètement absurde. Je crois qu'il était beaucoup trop fidèle, c'est bizarre, car j'ai entendu dire qu'il trompait sa femme... Bref, mes parents l'ont mal pris et m'ont fait prendre des cours par correspondances, ils voulaient absolument que je finisse le lycée. Et puis...Euh... Un jour, le postier est venu me porter ma lettre quoi et ce jour, j'avais une tenue plutôt... Inhabituelle. Je portais ma jupe écolière rouge, totalement affreux, je vous jure ! Et j'avais un haut col roulé. Donc du coup, ce mec, ou devais-je dire cet idiot qui ne comprend rien aux femmes, m'a sorti que je n'étais pas belle et qu'il allait me donner la lettre uniquement si je me changeais devant lui ! Non mais vous comprenez, je ne voulais pas décevoir mes parents, moi, j'avais assez de problèmes comme ça : ils refusaient de m'acheter le nouvel iPod, car j'avais décidé de prendre des cours par correspondance. N'importe quoi. Bref, cette lettre, j'en avais besoin. Et puis, je ne suis pas une prostituée quoi ! Je ne vais tout de même pas me foutre à poils devant cet idiot de trente ans ! Donc, je me suis énervée. Comment vouliez-vous que je réagisse ? Je lui ai dit de sortir et je lui ai fermé la porte au nez. Malheureusement pour lui, j'avais oublié de verrouiller la porte. Donc, il est entré et est venu dans ma cuisine, pendant que je me coupais une pomme. Il a continué d'insister pour que je me change devant lui et moi, j'ai continué d'insister pour qu'il me donne cette satanée lettre. Au final, je me suis énervée à tel point, que je l'ai approché et j'ai eu une poussé d'adrénaline et euh... Ben, j'ai enfoncé le couteau dans sa poitrine quoi ! Rien de plus compliqué ! » Hailey prononce ces paroles d'une façon totalement calme. Comme si commettre un meurtre était totalement normal !
21 avril 2011. Hailey a passé d'un hôpital psychiatre à un autre, ses parents voulaient que leur fille apprenne à se contrôler, du coup, à toutes les fois qu'ils lui rendaient visite et que leur petit ange leur envoyait en pleins gueule « Papa, maman, je vous déteste parce que vous m'avez placé ici. » ils la transféraient disant que les médecins de tel ou tel HP étaient totalement incompétents et qu'ils avaient besoin de quelqu'un qui puisse réellement aider leur petite princesse. Au final, Hailey s'est ramassée dans un asile, en France et avait de nouveau son premier thérapeute, qui avait beaucoup changé en ces cinq ans. Du coup, Hailey a décidé de s'améliorer, pour prouver à Jacques qu'elle n'était pas psychopathe mais tout simplement perdue à cause de ce qu'il lui était arrivé. Mais cela n'a pas duré. Après trois ans de mensonges intensifs, de faux sourires, de rires et d'avance, elle a laissé tomber lorsque cette fille est apparue dans sa vie. Michelle, s'appelait-elle. Elle avait ce regard... Le même que Hailey. Ce regard perçant et totalement menaçant. Cela attirait Hailey.
Les deux avaient commencé à se fréquenter, puis au final, à sortir ensemble. Même si elles savaient qu'il était interdit de nouer des relations sexuelles avec des membres de l'asile. Personne ne savait pour elles, et heureusement. Puis, Michelle est partie. Comme ça. Elle avait guérit, disaient les médecins.
Cela avait attristé Hailey. Mais pas tant que cela. Au fond, elle n'en avait rien à en faire. «
Elle n'était qu'une aventure, et de toutes façons, je l'aurais laissé un jour ou l'autre. Elle n'était pas en force de satisfaire mes besoins sexuels. » s'était dite Hailey en se regardant dans le miroir.
Puis, elle avait eu le besoin de liberté. Elle avait marre de tous ces mêmes murs, de ces mêmes personnes. Elle voulait du nouveau. De toutes façons, elle n'appréciait personne qui était dans cet asile. Ils la voyaient comme un jouet sexuel, elle, elle voulait être vue comme une personne respectable, comme sa mère. Et de toutes façons, elle se foutait de leur avis, non ? Alors, pourquoi cette pointe de fureur l'envahissait quand quelqu'un la regardait d'un regard dévorant ? Elle ignorait. Elle savait juste qu'elle n'en pouvait plus et si elle continuait de rester ici, elle allait éclater et sûrement, encore tuer quelqu'un. Et si elle tuait, cela signifiait que ses parents allaient encore la transférer. Mais elle ne voulait pas, pas cette fois. Elle avait marre de toujours tout raconter, pour une fois qu'elle s'était retrouvée avec un thérapeute qui ne se choquait pas par le fait qu'elle parle que d'elle ! Bref, elle voulait sortir, mais avant, elle voulait nouer ses lèvres avec celle de monsieur Kent. Étant donné que c'était si... Tentant, disait-elle.
Donc, quelques jours après le départ de Michelle, elle était redevenue la fille super gentille et attentionnée et après deux années, Jacques a fini par admettre que Hailey a appris à se contrôler, ce qui n'était pas le cas, évidemment. Et donc, quand les parents de cette dernière sont venus, Hailey leur a dit «
Maman ! Papa ! Qu'est-ce que je suis heureuse de vous voir ! » Et c'est ainsi que tout le monde a cru à son "rétablissement magique" qui n'était qu'un simple tissu de mensonge. Qu'est-ce que les gens peuvent être cons ! s'était dit Hailey pour la millième fois. Elle les manipulait, librement et jouait avec eux comme s'ils étaient des marionnettes et elle en était parfaitement consciente et elle s'en moquait, royalement.
Ses parents, fous de joie, l'on fait sortir de cet asile en payant leur patron et lui ont demandé ce qu'elle voulait faire, maintenant, à cet instant précis.
Ayant entendu parlé de Zagreb, elle annonça à ses parents qu'elle voulait s'y installer et ainsi, elle déménagea dans cette ville la semaine d'après.
Le jour de sa sortie est le jour de son vingt-cinquième anniversaire. Vu que ses parents lui rendaient visite que lors de ses anniversaires : puisqu'ils vivaient encore à Sydney. Donc, revenons à aujourd'hui. Aujourd'hui Hailey se trouve en face de cette boutique de vêtement de luxe et admire toutes ces belles robes qui s'exposent à sa vue. Elle ressemble à une poupée de cire avec ses yeux qui paraissent irréels. Pourtant, ils le sont, réels. Elle porte une main à la vitrine et se décide enfin d'entrer dans ce magasin. Se dirigeant vers la section des robes pour trouver celle qui lui avait plu, elle repense tout à coup à Michelle et un sourire se dessine sur ses lèvres. Hailey trouve enfin la robe qu'elle voulait, la prend et s'approche des cabines d'essayage. Elle appelle la caissière et lui demande de l'aider à mettre la robe. Une fois dans la cabine, Hailey passe ses bras autour de la taille de la jeune fille et lui murmure à l'oreille d'un ton paisible et calme de ne pas bouger, car sinon, elle allait la tuer. Puis, en glissant ses lèvres dans son cou, elle savoure ce moment : lorsqu'elle se sent hautaine et lorsqu'elle sait qu'elle possède le contrôle entier sur le corps de sa pseudo partenaire, sachant que si cette dernière lui refuse, elle pourra la tuer sans culpabiliser.
