We born, we live, we die. This is where it all starts

Ma vie est, comme beaucoup d'autres, une succession de bonnes et mauvaises choses. J'ai fait des erreurs, j'ai appris et j'ai avancé, continué mon petit bout de chemin. Je suis né un beau jour de février. Le jour de la fête de l'amour pour être plus exact. C'est ça, la saint Valentin. Je poussais dans le ventre de ma mère depuis environ neuf mois, à quelques jours près, mais je n'étais pas seul. Une autre personne restait me tenir chaud durant tout ce temps. Ma sœur. Une sœur jumelle qui n'était pas prévue au rendez-vous. Il faut dire que le médecin qui s'occupait de ma mère était persuadé de n'avoir vu qu'un enfant dans son ventre. Double naissance, double évènement. Mes parents, une fois le choc passé, se révélèrent plutôt heureux d'avoir eu des jumeaux. Mes parents tiens, parlons-en justement avant d'avancer. Je ne me rappelle pas vraiment avoir eu à me plaindre d'eux. Une fois n'est pas coutume, j'étais le gosse tombé dans une famille plutôt bonne. Ils ont toujours eu une bonne situation financière, ils nous ont toujours pourris gâtés. Ouais je n'ai pas eu à me plaindre d'eux à ce niveau. Même si comme chaque gosse il m'est arrivé de vouloir les voir disparaître parce qu'ils me contrariaient. Ma mère est italienne, venant tout droit de Sicile, une bonne mère donc, mais attention les Italiennes ont aussi un sacré tempérament. Mon père, qui lui est anglais, en bavait régulièrement avec elle. Malgré tout ils étaient un bon petit couple amoureux. Il bossait en tant qu'avocat dans un cabinet réputé de Londres et elle travaillait pour une petite chaine de télévision.

Pour faire simple je pourrais dire que ma sœur et moi avons été de bons enfants jusqu'à l'adolescence. Nous n'avons jamais fait de vagues durant notre enfance. Après tout dès qu'on voulait quelque chose il suffisait de piquer notre petite crise et papa ou maman cédait sans attendre. Tout était très simple à cette époque. On charmait notre petit monde. Bon d'accord j'avoue, déjà en ce temps on était de petits manipulateurs. Mais hey, notre père était avocat, on tenait ça de lui c'est tout. Un des nombreux points communs entre moi et ma sœur était surement le fait de détester l'école. On était des riches héritiers, mon père encaissait du fric à tout bout de champs, on pensait que ça serait toujours comme ça, qu'on n'aurait pas à travailler pour avoir notre propre argent. Oui on était enfant, c'est logique, mais vous remarquerez qu'au final ça n'a pas changé avec le temps. Ce qu'on aimait à l'époque du cours préparatoire c'était de faire notre petite loi dans la cour de récré. On était les terribles jumeaux Hannigan. Ma sœur avait un petit creux ? J'allai voler le gouter d'un des pseudos camarades. Hum six ans et déjà on faisait baver notre petit monde. Combien de fois nos parents se sont fait convoquer à cause de nos conneries. « Monsieur et madame Hannigan, Devon a frappé l'un de ses camarades aujourd'hui. » Oui mais ce camarade a regardé sous la jupe de ma jumelle. « Monsieur et madame Hannigan, vos enfants ont agressés l'institutrice de leur classe en mettant des punaises sur sa chaise. » Qu'est-ce qu'on a pu se marrer à l'époque. Bon c'est sûr qu'une fois à la maison on faisait vraiment profil bas, mais en réel jumeaux c'était tout ou rien.

The infernal twins

Comme tous les jumeaux on a toujours été extrêmement proche, un lien bien spécial nous unissait. Toujours là l'un pour l'autre. Et nous avons grandi comme ça. Nous avons quitté les cours élémentaires, moi avec des notes catastrophiques, elle avec des notes plus que studieuses et nous sommes arrivés dans un collège privé de Londres. Le genre de collège ou étude rime avec discipline et ce genre de conneries. Je crois que là les dessins ne sont vraiment pas nécessaires. Elle et moi ne supportions pas l'autorité, l'uniforme et tout ça ce n'était pas pour nous. Nos parents n'avaient plus l'œil sur nous, on était donc plus libres pour faire nos 400 coups et tant pis si on s'attirait des ennuis. Notre but était très clair, on souhaitait tout simplement se faire virer. On était des ados, on était pleinement conscient de la vie qui nous attendait et on savait pertinemment qu'on vivrait sur nos ressources et pas de notre diplôme. Au pire si vraiment il le fallait on demanderait aux fréquentations de nos parents de nous trouver un job et ça serait fait. Après tout on ne serait pas les premiers à être ainsi. On a donc entrepris de saborder nos études. D'abord, en étant toujours en retard, mal habillé, puis ensuite en fumant dans l'enceinte de l'école, ramenant nos premières bouteilles de vodka au passage. Ah ça elle est belle la jeunesse Londonienne. Quatorze ans, ça fume, ça boit, ça se bat. Car, oui en couple infernal que nous étions, on cherchait les emmerdes partout. Ma sœur allait jouer sa petite allumeuse avec des types du collège avant d'aller les dénoncer de l'avoir touché. J'entrais à ce moment en scène pour leur foutre une raclée mémorable, pile quand les surveillants débarquaient.

Y'a pas à dire c'était le bon temps. On découvrait la vraie vie, on aimait ce qu'on faisait. Mademoiselle a bien vite découvert les joies du sexe et c'est rapidement devenu sa came. Pour ma part j'ai d'abord découvert la marijuana et la cocaïne avant d'aller gouter au sport de chambre. Nous avons partagé nos expériences, nous sommes mutuellement conseillés pour rendre nos activités encore plus folles et bientôt nous mélangions un peu les addictions. La coke, la vodka et le sexe font étrangement bon ménage. Et dans toute l'école c'était le même refrain « Les jumeaux Hannigan sont vraiment une honte pour cette école. » Bla bla bla. Au fond on les emmerdait tout simplement. On voulait s'amuser, vivre notre vie, on se complétait elle et moi, on se comprenait voilà tout. Et la chose qu'on souhaitait le plus au monde arriva finalement. Le principal, ainsi que le conseil d'administration (auquel mon père appartenait) prirent la décision de nous renvoyer. Nous donnions une trop mauvaise image de l'école et il fallait se débarrasser de nous. Mission accomplie, nous étions fiers même si on n'avait pas prévu le revers de la médaille. Notre père était pire que furieux de nos conneries et décida de geler nos comptes jusqu'à notre majorité. On l'avait dans l'os pour le coup. Si on voulait de l'argent, il fallait travailler pour le mériter point barre. Je me souviens avoir détesté mon père dès ce moment. Je voulais m'acheter mes joints, je voulais sortir et faire la fête mais c'était impossible. Ma soeur et moi avons donc choisi de rester à rien foutre jusqu'à ce que le paternel cède à notre requête. Chose qu'il fit en échange d'efforts de notre part. Effort dont il ne verra jamais la couleur d'ailleurs.

And then the life shows you her price

Si j'avais le choix je crois que j'arrêterais le temps sur cette période de ma vie, tout n'était que fêtes et insouciances. Je buvais, je fumais, je baisais. Le mec de la fille dans mon lit avait un problème avec ça ? Pas de problème on réglait ça dans la rue aussitôt. A chaque soirée, sa nouvelle gonzesse. Je dépensais vraiment une fortune dans tout ça, mais je crois que ma soeur était bien pire que moi. Elle commençait sérieusement à s'attirer des problèmes. Elle fréquentait les mauvais types (bien que déjà me fréquenter est en soi loin d'être conseillé.) elle volait fréquemment etc. Je me souviens même avoir dû aller la ramasser une nuit alors qu'elle était pire que défoncée. Bon en soi je n'étais pas non plus un exemple. J'étais addict de certaines substances aussi et il m'est arrivé de rentrer dans un sale état, si bien qu'elle était obligée de m'aider à grimper jusque dans mon lit. J'en déduis néanmoins qu'il y a mille fois pire que nous. Mais c'est aussi à cette période de ma vie que j'ai rencontré cette nana. C'était lors d'un rendez-vous mondain. Costumes, robes de soirées, tapis rouge. Ce soir-là j'étais clean et j'ai vu débarquer cette tigresse blonde. Ni une ni deux, mon sang ne fait qu'un tour. Dès que mon regard a rapidement croisé le sien j'ai su qu'il me la fallait. Je ne saurai décrire ça, c'est quelque chose qui vous arrive dans la gueule sans s'y attendre, comme un poteau dans la rue qu'on ne voit pas, car trop concentré à mater le petit cul qui se bouge devant-soi. Je l'ai abordé, me suis fait recalé et pourtant je la voulais encore plus. Un caractère digne des meilleures lionnes. Je la voulais et je l'aurai. C'était ainsi et dès lors je me suis mis en chasse de la blonde. J'ai fait en sorte, de la provoquer, de jouer avec, jusqu'au jour où elle n'a pas su me résister.

Dès ce moment-là, elle comme moi étions fichus. J'y avais goûté, elle m'obsédait, impossible de me passer d'elle. C'est simple elle est devenue mienne et ça tout le monde l'a toujours su. Un mec s'approche trop près ? Approche donc que je te foute ta raclée. Malgré tout ce délire d'exclusivité ce n'était pas pour moi. D'ailleurs ça ne l'est toujours pas. Bien sûr j'aime la savoir à moi. J'adore provoquer sa jalousie pour la voir griffer des idiotes avec qui je n'aurai même pas couché, mais je veux quand même aller gouter à d'autres paires de cuisses, même si au final je ne suis jamais aussi à l'aise qu'entre les siennes. J'ai pourtant essayé de me convaincre du contraire, mais il semble qu'elle est nécessaire à ma vie, si je ne la sais pas dans les parages je dépéris c'est clair. Jamais aucune autre n'aura la saveur unique de Faith, ni son caractère. Encore moins ce feeling qui passe entre nous. Si bien qu'après quelques temps nous avons fini par nous installer ensemble. En tant que colocataires bien sûr pas en couple. Bonus en prime elle s'entendait à merveille avec ma sœur, ma jumelle, au point d'être le genre d'amies inséparable. Elle s'entendait, oui au passé. Pour la simple et bonne raison qu'aujourd'hui ce n'est plus le cas. Disons qu'elles ne se sont pas séparées volontairement. J'ai parlé que ma sœur se mettait de plus en plus dans la merde, elle dépensait plus que de raison dans diverses substances, au point qu'un jour elle n'a pas pu rembourser la came qu'elle venait de choper. Elle m'avait forcé à venir la rejoindre au coin d'une rue afin que je la dépanne pour le coup, seulement tout bascula. J'arrivais dans la rue en question. Direct je l'ai remarqué, elle aussi. Grand sourire, visage semblant se rassurer et se détendre. J'étais attendu on dirait, mais je n'ai pu faire que quelques pas vers elle qu'un coup de feu éclata, puis un second et enfin un troisième. J'avoue ne pas avoir compris sur le coup, jusqu'à ce que je la vois s'écrouler au sol dans une flaque de sang. Il semblerait que j'ai hurlé, j'ai pourtant eu l'impression de ne plus avoir de voix. Mes jambes me lâchaient, mais je courais vers elle. Le type était déjà loin, il avait récupéré la came. Je me suis agenouillé, l'ai prise dans mes bras et c'est ainsi qu'elle est morte, dans la douleur la plus intense, sans mot, rien...

Ma vie a totalement basculé dès lors. J'étais profondément troublé. Pas déprimé non, juste dans une colère, une rage très sombre, très violente. J'en ai d'ailleurs provoqué des bagarres riens que pour essayer de me défouler. M'enlever ma jumelle c'est comme m'enlever une partie de moi. L'alcool est devenu ma meilleure amie, limite au point de remplir de bourbon mon bol de céréale du matin. Mais je crois que je ne suis pas le seul à être si troublé par sa disparition. Faith aussi est différente et d'un commun accord nous avons décidé de quitter l'Angleterre pour nous installer loin de son souvenir. Malgré tout je reste profondément changé, ma blonde semble plus méfiante face à moi. Je suis différent et elle s'y fera, plus lunatique, plus sombre, plus violent et si elle n'est pas contente la porte est grande ouverte après tout. La pour le coup ce sont mes origines latines qui parlent, fier et droit je dis ce que je pense et je pense ce que je dis. Seulement je n'ai pas envie de la voir partir, elle reste mon seul rayon de lumière dans l'océan de noir dans lequel je m'enfonce depuis la mort de ma jumelle. Je m'efforce cependant de continuer ma carrière de mannequin que j'entreprends depuis quelques années maintenant. Car oui je n'ai pas précisé qu'un peu avant mes dix-huit ans j'ai été repéré par un photographe de mode qui m'a lancé dans ce monde. Ca marche plutôt bien pour moi malgré ma mauvaise réputation. Mais je ne tiens pas à me cantonner aux pages merdiques des magazines. Je veux plus, je veux gagner plus d'argent et occuper une plus grande importance. Après tout avec ma gueule d'ange ça ne devrait pas être bien difficile. En attendant je me contente de vivre, Faith dans mon lit, une bouteille de vodka à la main. Pas si mal quand on y pense.