Extrait d’une récente lettre

…en que l’envie demeure toujours aussi présente qu’un brasier s’enflammant de mille feux. La bienveillance de ton regard me manque, je suis esseulée par la douceur et la passion que m’inspirent les douces volutes de ton corps. Sentir mon être entier t’appartenir en une seule et unique seconde est une vision qui me transcende et me pousse à fondre à l’interdit de ces longs plaisirs solitaires. Rien n’est plus apaisant et jouissif qu’une imagination dessinant parfaitement la courbe de tes phalanges s’insinuant à répétition dans l’antre chaude et obscure de mon être se voulant entièrement dévoué à ta marque désormais.

Ne soit aucunement surprise, et encore moins choquée du sens de mon à propos. La Selina qui t’écrit aujourd’hui est bien différente de celle que tu as pu connaître par le passé. Petite fille parfaite et coincée, la gentille adolescente qui ne traversait jamais la ligne du danger pour obéir aux exigences de ses parents afin qu’ils puissent t’accorder un minimum d’affection guidée par leur profonde fierté. Je ne voulais pas ouvrir les yeux sur l’emprisonnement que je m’infligeais et qu’ils renforçaient tous les deux derrière l’hypocrisie de leur sourire et la richesse dont il me gavait telle une oie affamée. Non, je n’étais pas sourde aux vérités que tu m’exposais et tenais tellement à m’inculquer, j’en étais parfaitement consciente et réceptive mais, jusqu’alors, une partie de mon être trouvait de l’importance dans le fait de faire passer ma famille avant toute chose, sans me perdre dans le besoin de satisfaire mes propres envies personnelles.

Le sacrifice a été long, dur et on ne peut plus laborieux. Savoir que ce manque d’audace me causa ta perte est certainement le remord qui me consumera à jamais dans cette violence pour le moins incessante et on ne peut plus inaltérable. Pourtant, je ne recherche pas ton pardon derrière ces lignes. Nul pardon ne peut être accordé à celle qui n’a jamais su répondre à tes attentes et à toute la confiance que tu espérais patiemment. Je me dois simplement de partager cette vérité, la réalité de cette histoire, de mon histoire avec celle qui me permit de grandir et d’évoluer tel, non pas que je le devais, mais bien comme je le pouvais. Pratiquement vingt longues années furent nécessaires pour que je puisse assumer ce que j’étais réellement et les envies qui tourbillonnaient dans les troubles de ma personne. Se voiler la face est tellement plus facile que de voir les choses concrètement et telles qu’elles le sont. Mais tu connaissais le statut de mes parents et l’importance de l’image de mon père, je ne pouvais en faire autrement jusqu’alors.

Pourtant, c’est ton départ qui mit le feu aux poudres et qui me poussa à sortir de cette cage dorée. Trois mois après cet abandon, je leur ai tout avoué… Sur moi, sur ce que j’aimais, sur tout ce que nous avions vécu ensemble et sur tout ce que nous projetions. Vivre de cette passion brûlante en quittant les sentiers battus d’une vie acceptable pour un quotidien de luxe, de charme et d’érotisme. Leur réponse ne se fit pas attendre… Le bruit de sa main sur ma joue résonne encore aujourd’hui avec tout autant de violence qu’il put en mettre dans ce geste ce jour-là. Je ne voulais que la sincérité pour me rapprocher de mes soit disant parents et, par ce fait, peut-être ainsi obtenir un véritable intérêt pour eux, pour leur attention. Mais rien n’en fut… Tout ce que mon discours pu les inspirer ne fut que du dégoût, la honte d’un profond déshonneur et le questionnement du pourquoi ? Pourquoi étais-je comme cela ? Qu’avaient-ils fait de mal pour que je leur inflige un tel supplice ? Si tu ne m’avais pas donné implicitement cette force de conviction, de courage et de caractère, j’aurais été capable d’être anéantie par leur discours, au point de m’en esclavager afin de suivre leurs directives et non ce qui m’était indispensable pour m’épanouir.

Ce même épanouissement représente ce que m’a couté le sacrifice de cette famille bornée, têtue et tout simplement stupide. Mais même après toutes ces années, c’est bien quelque chose que je n’ai jamais regretté. Par ce choix, mon corps vibre de jour en jour de toutes ces conquêtes, de toutes ces femmes que je rencontre, que je charme ou arrivant à me séduire et qui libère en moi l’explosion de toutes ces saveurs dont tu as été la parfaite initiatrice. A mon grand regret, aucune d’entre elle n’a jamais réussi à trouver la voie experte de tes doigts ou la fureur sauvageonne de cette langue transcendante se teintant de la folie de tes lèvres dévorantes. Aucune jouissance ne peut se comparer à celles que tu m’apportais et me faisais si habilement découvrir… Pourtant, de par mon métier désormais, j’ai l’opportunité de prendre énormément de plaisir avec une pléiade de partenaires se comptant par dizaines, par centaines… Mais sans doute que certains plaisirs sont-ils fait pour demeurer entièrement immuables ? Seule toi possède les clés pour répondre concrètement à cette interrogation.

Etrangement, je garde ce sentiment que rien n’est encore fini entre nous, que rien n’est encore clos. Le chapitre ultime de notre histoire se doit encore de se jouer mais quand et comment ? Je n’en n’ai nullement la réponse… Je ne peux qu’attendre, attendre et illusionner le visage que pourrait être devenu le tiens après toutes ces années. Deviner l’embellissement de ton être et la maturation de tes courbes si généreuses… Mais, à ce sujet, tu découvriras encore plus ce que j’illusionne et ce dont je rêve en lisant l’exemplaire de mon dernier livre que tu recevras avec cette lettre. Une autre forme d’expression et une nouvelle forme d’art selon cert…